Un autre Mexique : la Baja California

En attendant nos filles qui arrivent dans une semaine, on fait un tour pour repérer quelques spots et profiter des plages. Les bivouacs nous changent de ce qu’on a vécu dans le Mexique intérieur. Il est facile d’en trouver et il n’y a personne. Et puis, on adore voir les baleines depuis les plages.

On est à l’heure et sommes des parents heureux de retrouver nos deux filles en ce samedi 18 février à l’aéroport de La Paz. Cela fait huit mois que nous sommes éloignés les uns des autres.
Nous avons prévu un tour de quinze jours sur la Basse Californie. Marion et Julie s’initient à la nourriture locale et aux margaritas. Leur premier bivouac sera sur la plage à Playa Las Tijanas avec vue sur les baleines grises. Elles font Pschittt comme elles disent. 

San Lucas de Los Cabos est une ville bien touristique pleine d’américains et nous prenons comme tous les autres le bateau avec gilet de sauvetage pour admirer l’arche et quelques points de vue. La baignade dans les vagues confirme que l’eau n’est pas chaude. 

L’étape suivante est le Parc national de Cabo Pulmo. La plus belle plage même si elle est payante est El Arbolito. Le snorkeling dans une eau fraiche est écourté pour Pascale alors qu’elle passerait des heures à regarder tous ces poissons magnifiques. Il faut dire que Cousteau a surnommé la mer de Cortez « le plus grand aquarium du monde ». On se régale aussi à observer les raies volantes.

On était déjà allés à la plage des eaux chaudes à la Ventana en attendant les filles mais on y retourne rien que pour le coucher du soleil, et profiter du paysage, assises dans nos piscines d’eau chaude. 

Nous ne sommes pas déçus par la plage de Balandra qui est définie comme la plus belle plage du Mexique. Nous partons la journée à pied depuis la Playa El Tecolote mais nous optons pour le chemin qui permet de joindre la Playa Balandra par les crêtes et ainsi admirer le paysage de toutes les plages depuis le haut. Seules cent personnes peuvent accéder à Balandra par demi-journée.

L’itinéraire du nord nous amène à Loreto à plus de 300km de la Paz. La route est superbe, avec un panorama de cactus, de désert et de montagnes.

Nous prenons un bateau pour aller visiter l’ile de Coronado et ce qui restera un merveilleux souvenir à Marion et Julie. Dans un premier temps, nous sommes accompagnés par un groupe de dauphins. Puis, les filles se jettent à l’eau pour aller nager avec les loups de mer. Elles alternent entre crier de peur quand ils s’approchent d’elles et se rapprocher au plus près pour mieux les voir. On les admire de s’être baignées dans une eau à 17°C. 

On arrive aussi à voir le fou à pieds bleus, plutôt drôle comme oiseau.

Loreto donnera aussi l’occasion de boire une margarita au piment… qui se sirote à toutes petites gorgées.

On se régale plus au nord avec les paysages de la mer de Cortez, notamment à El Requeson. Nous sommes garés sur une bande de sable permettant de voir la mer turquoise à droite et à gauche, rattachée à une presqu’île qui devient une île à marée haute. Extraordinaire. Les filles font une sortie kayak au coucher du soleil et reviennent chercher leur mère car des dauphins sont venus près d’elles.

Dans ce tour vers le nord, on sera monté jusqu’à Mulegé, une oasis au milieu du désert, qui descend jusqu’à la mer. 

On repart vers La Paz et sur le chemin à Loreto, on reprend notre bateau pour cette fois-ci aller voir les baleines bleues, le plus gros animal vivant sur terre. On en approche quelques-unes d’assez près mais leur apparition est très furtive. Cependant, les loups de mer et dauphins sont toujours là. Le temps n’est pas chaud, heureusement que nous nous sommes couverts pour cette sortie de 6h sur l’eau.

Les derniers jours des filles au Mexique se passent autour de La Paz. On alterne au niveau des plages et surtout, on cherche à se protéger du vent qui est très présent. On assiste au coucher de soleil au Cerro de la Calavera. Nous sommes tous déçus cependant de ne pas avoir pu nager avec les requins baleines qui sont trop peu nombreux cette année et les autorités ne donnent pas leur aval pour qu’on puisse aller les voir. On a plusieurs sons de cloches. Certains disent qu’ils sont déjà repartis et d’autres que les requins baleines commencent à délaisser la région car peut-être dérangés par le tourisme. En même temps, malgré l’interdiction de les approcher, on a lu que des tours étaient organisés illégalement. Malgré l'envie de les voir, on n'adhère pas à ces stratagèmes.  

Samedi 04 mars les filles prennent leur avion, direction le travail pour elles. Pour nous, c’est lessive, changement de pneus et passage au garage pour le bruit du moteur que nous avons au ralenti. C’est un problème de poulie qui a du jeu. Le garagiste nous en fait acheter une chez AutoZone qui serait compatible, la monte. Nous partons et au bout de 500m, on revient au garage car ce n’est pas la bonne. Il en commande une que nous attendons cinq jours et qui arrive abimée sur le côté, mais on repart. Heureusement que nous avons passé du bon temps, à vélo, en kayak, sur la plage près de La Paz, à Balandra et à Tecolote. 

Et ça continue, un autre bruit réapparait. Tous les jours nous faisons un nouveau garage en montant vers le nord. La poulie changée a été montée mais mal axée. Cela est corrigée mais le mécanicien, compétent celui-là, nous préconise de changer le tendeur de la courroie des accessoires. Il est trop lâche au ralenti. Il n’a pas la pièce, et ce serait trop long à l’attendre. Selon lui, cela peut attendre un peu.
Les paysages de Bahia Conception sont toujours incroyables et nous assistons à un défilé de dauphins depuis le bord de la route. 

Nous passons par Santa Rosalia. Les maisons sont colorées, en bois et possèdent des balcons. Le tout est un peu décrépi. C’est une ancienne ville minière qui exploitait le gypse, fondée par des ingénieurs français. Son attraction touristique est l’église Santa Barbara construite par Gustave Eiffel pour l’exposition française en 1889. Elle a été de nombreuses fois déplacée, en Europe et démontée jusqu’à être transportée définitivement à Santa Rosalia. On fait le tour mais on ne s’y attarde pas plus que ça.

Nous aimons beaucoup les dunes de Soledad près de Guerrero Negro. Nous y passons une très bonne nuit à leurs pieds. Un bon footing nous défoule le lendemain matin mais le temps n’est pas génial. Il fait gris puis c’est pluvieux, on ne s’attarde pas. 

Nous décidons de continuer la remontée par l’est de la péninsule et de passer la frontière à Mexicali. Le paysage est un défilé de cactus et nous sommes obligés de nous arrêter à plusieurs reprises pour prendre des photos. Il y en a une grande variété de cactus dont on ne connait pas les noms. Il y a des tout petits, des grands filiformes avec parfois un bras ou deux, des cactus rouges et des cactus communs enfin ceux que l’on voit sur les images de paysages du Mexique. Pascale se balade toute seule dans cette forêt, Pascal faisant la sieste. Elle photographie dans tous les sens quand elle voit un coyote, noir et gris comme un loup, courir vers elle. Elle le voit avant qu’il ne la voie. Il file en ligne droite vers elle. Surprise, elle ne sait pas si elle doit crier « au secours Pascal », prendre l’appareil photo, le téléphone ou s’enfuir à toutes jambes. Mais soudain, le coyote l’aperçoit, il fait volte-face et c’est lui qui s’enfuit à toutes jambes. Qui a eu le plus peur entre l’un et l’autre ? 

On passe par San Felipe. La ville n’est pas terrible mais cela nous permet de nous arrêter chez trois garagistes. Quand on aime, on ne compte plus. On aimerait bien résoudre cette histoire de tendeur avant de passer aux Etats-Unis, la main d’œuvre est quand même beaucoup moins chère ici. On n’arrive pas à trouver la bonne pièce, mais tous les mécaniciens sont d’accord pour dire que cela peut attendre. On a hâte d’arriver aux Etats-Unis car la fin du Mexique nous fatigue, essentiellement du fait des soucis mécaniques. 

Et c’était sans compter sur la poisse. Pascal veut écouler les derniers pesos et fait le plein d’essence. Il demande à la station « diesel por favor, lleno » (Diesel svp, le plein) comme il le fait depuis cinq mois. Le prix affiché n’était pas trop cher et proche de la frontière. Eh bien, la serveuse remplit 17 litres d’essence avant que Pascal ne s’en aperçoive et coupe la distribution. On est tombé sur le gros quiproquo. La personne ne comprend pas car la station ne vend que de l’essence. Mais pourquoi la station affiche-t-elle le prix du diesel sur le grand panneau à l’entrée, pourquoi y a-t-il un pistolet noir diesel avec le prix dessus ??? Pascal ne démarre pas le camping-car même si la serveuse « si si, allez-y, il n'y a pas de problème ». Trouver un mécanicien qui effectue la purge du réservoir au ¾ s’avère difficile. On remet du diesel qu’il faut aller chercher ailleurs… et Dédé ne redémarre pas. On passe la nuit à la station entre deux voies rapides et le train. L’horreur ! Le stress ! On n’en peut plus de ce camping-car. La station nous abandonne à nos tourments. Un garagiste devait venir nous chercher avec une dépanneuse mais après l’avoir attendu quatre heures, il a dû s’enregistrer aux abonnés absents. Heureusement, le magasin de pièces détachés AutoZone s’intéresse à notre problème quand nous y allons en plein désespoir, le dimanche. Cela fait trente heures que nous sommes sur la station et demain est férie en plus. En deux coups de téléphone, ils nous dégottent un vrai, gentil, efficace, professionnel, mécanicien, Alejandro. Il arrive sur place avant nous, il est avec sa femme. En un quart d’heure, il redémarre Dédé et nous répond quand on lui demande combien on doit le payer : « mais ce que vous voulez ? ». Merci Alejandro !!!

Allez, on file à la frontière, un dimanche soir, c’est un peu l’horreur. Trois heures pour passer, surtout que Pascale sur le permis des 90 jours, le I94, a inscrit son nom de femme mariée et non son nom de jeune fille. L’autorisation d’entrée n’était pas enregistrée et ne remonte pas sur son dossier. Après le responsable des agents de l’immigration trop c.. qui sait tout et ne nous laisse pas réponde, on tombe sur un très aimable et il s’occupe de régler ce souci informatique. On s’en sort et le 19 mars nous sommes aux Etats-Unis soulagés. On arrivera bien à trouver cette pièce ici dans le pays de Ford.